Après la commémoration qui a eu lieu ce 18 septembre 2022 pour célébrer les 100 ans de notre monument aux Morts, nous sommes heureux de vous permettre de retrouver les discours qui ont été lus à cette occasion : les discours de Madame Chalendard (petite-fille de l’ancien Maire Mr Pays), de Monsieur Leverge (Représentant de Monsieur le Préfet et Directeur de l’Onac) et de Monsieur le Maire de Loudes.
Discours de Mme Chalendard
Le 17 septembre 1922, il y a 100 ans, la place de Loudes est noire de monde (les cartes postales de l’époque en font foi), c’est l’inauguration du monument aux Morts de la Grande guerre. Les façades des maisons sont fleuries et les oriflammes flottent au vent.
Le 19 février 1922, le maire André PAYS présente au Conseil le modèle de monument aux Morts pour la France dressé par Mr L. Riban, marbrier, et Mr Marcelin Sabatier, auteur du bronze qui ornera le monument. C’est le bas-relief en bronze qui va conférer à celui-ci son
originalité et sa beauté.
Il représente la mobilisation et s’intitule « le départ ».
C’est le temps des moissons, un paysan dans son champ, aux côtés de ses bœufs, entend sonner le tocsin au clocher du village que l’on aperçoit au loin ; sa femme et son enfant l’entourent de leurs bras, comme pour le garder auprès d’eux… mais le paysan ne fléchit pas, il va partir au combat pour défendre le sol natal.
Cette scène porte en elle toute la tragédie de la guerre et son « terrible cortège » : 74 soldats loudois sont emportés dans la fleur de l’âge… 3 l’ont été lors de la guerre de 1870.
Dans son allocution, André PAYS souhaite qu’ils ne soient pas oubliés, qu’ils n’aient pas donné leur vie pour rien, qu’ils soient honorés pour leur dévouement et qu’ils restent des martyrs morts pour notre liberté.
Cent ans ont passé, aujourd’hui 18 septembre 2022, nous sommes rassemblés sur la place de Loudes pour commémorer le centenaire du monument aux Morts de la Grande guerre. Sous le bas-relief a été ajouté une plaque rappelant les 5 noms loudois victimes de la guerre de 1939-1945 et celui de Jean Portal tué lors de la guerre d’Algérie (1957).
Avec respect et émotion, gardons leur souvenir.
Nous sommes rassemblés dans une Europe apaisée mais aussi menacée car la Paix est fragile, la guerre en Ukraine nous le rappelle.
Enfin, nous sommes réunis autour d’un monument restauré, où les mouvements du bronze réapparaissent au grand jour.
Que dire d’autre ?
En souriant, rendez-vous dans 100 ans ??
Discours de M. Leverge
Au lendemain de la Grande guerre qui ensanglanta notre pays entre 1914 et 1918, les millions de soldats morts durant ce terrible conflit suscitèrent un profond traumatisme, qui fit naître un sentiment de dette envers ceux qui y avait laissé leur vie.
Pour manifester cette reconnaissance, et perpétuer le souvenir de tous ces « Morts pour la France », une vague mémorielle parcourut ainsi le pays où chaque commune, ou presque, se fit un devoir d’élever un monument à ses enfants disparus.
C’est ainsi, qu’entre 1919 et 1922, l’immense majorité des communes de la Haute-Loire (244 pour être exact) vont honorer leurs disparus en consacrant une partie de leur espace public à la construction, d’un voire deux monuments, tandis qu’une vingtaine d’autres se contenteront de simples plaques ou stèles apposées dans leurs églises respectives.
Relativement au contenu de ces monuments, leur contenu était variable, avec la présence d’un poilu ; d’un coq ; d’une croix de guerre ; de lauriers ; de palme, mais aussi en pouvant aller du patriotisme revanchard exalté à l’expression du désarroi et de la douleur au sein des campagnes altiligériennes qui payèrent le prix fort avec près de 11 000 morts à déplorer à l’issue de ce terrible conflit.
Concernant cette deuxième catégorie, le monument de Loudes, érigé le17 septembre 1922 en présence de nombreuses personnalités politiques locales, (dont Laurent Eynac en personne !), tient dès lors une place singulière.
En effet, si la stèle du monument devant lequel nous sommes réunis ce matin n’a rien d’extraordinaire, cela n’est nullement le cas pour le bas-relief en bronze qu’il comprend, et qui est issu des ateliers d’un fondeur parisien et signé du sculpteur Marcelin Sabatier.
En effet, si l’on regarde attentivement son contenu, l’on peut en réalité y voir les conséquences de la mobilisation générale du mois d’août 1914, avec un laboureur à la mine sombre, enlacé par sa femme et son fils au milieu de son champ avec ses deux bœufs. Cela n’aura échappé à personne, mais la majorité de nos poilus étaient, pour beaucoup, de simples cultivateurs, et ce bas-relief est justement là pour le rappeler ; rappeler que la France paysanne paya le prix fort pour défendre la Mère patrie du joug de l’oppresseur, et que jusqu’à Loudes, 65 de ses fils tombèrent au champ d’honneur pour que la République ne soit pas asservie.
Si nous sommes réunis ce matin devant ce monument dont nous fêtons le 100e anniversaire, c’est justement pour nous remémorer tous ces noms pour ne pas qu’ils soient à jamais perdu dans les méandres de l’histoire, avec tous ces héros méconnus tombés trop tôt dans l’oubli. En effet, comme l’avait un jour rappelé un illustre académicien :
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort : c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants et la transmission, à ceux qui ne sont pas encore, du nom et de l’allégresse de ceux qui ne sont plus, mais qui vivent à jamais dans l’esprit et dans le cœur de ceux qui se souviennent ».
Mémoire ; souvenir ; transmission, autant de notions qui sont justement-là pour venir nourrir notre unité de destin qui transcende les âges, et qui a permis à l’idéal républicain de traverser les décennies pour arriver jusqu’à nous plus vivant que jamais. Néanmoins, pour que notre devoir de vigilance reste toujours suffisamment aiguisé, ne perdons jamais de vue que l’histoire et la géographie forment en réalité le corps et l’âme de la France ; de solides boussoles, sans lesquelles la République perdrait sûrement son cap au milieu des marasmes à l’œuvre dans le monde qui nous entoure.
En conséquence, si nous pouvons tous nous réjouir d’être aussi nombreux ce matin à Loudes, réjouissons-nous surtout de la présence de tous ces enfants qui sont à nos côtés, et qui formeront la société de demain, pour que cette dernière n’oublie jamais de mêler étroitement dans un savant dosage : PASSÉ ; PRÉSENT et FUTUR, au service de notre mystique républicaine dans tout ce qu’elle a de plus noble à offrir à nos concitoyens.
Je vous remercie
Discours de M. Barbalat, Maire de Loudes
M le Député
M le Sénateur
Mesdames et Messieurs les conseillers départementaux
M le Président de l’agglomération
M Colonel , Monsieur Le Verge
Adjudant-chef
Mesdames et Messieurs porte drapeaux
Mesdames et Messieurs les Maires
Mesdames et Messieurs les élus
Mesdames et Messieurs ici présents
«Parce qu’un homme sans mémoire est un homme sans vie, parce qu’un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ».
Cette citation venue du Maréchal Foch, me semble parfaitement résumer notre présence de ce matin pour la célébration des 100 ans de notre monument.
En effet, il y a 100 ans, presque jour pour jour, mon prédécesseur André PAYS inaugurait ce monument. Il faut se remettre dans les circonstances de l’époque où la France commençait à se relever de cette tragédie :
100 ans ont passé mais les batailles résonnent encore dans nos mémoires. Nos soldats, nos poilus, sont devenus nos héros d’une guerre où l’horreur se conjuguait au quotidien. Ils étaient français, nord-africains, tirailleurs sénégalais, espagnols et sans oublier les colonies. Ils ont tous combattus pour la légitimité de nos valeurs, pour la grandeur de notre nation. Si nous sommes réunis ici, devant ce monument, c’est pour leur rendre hommage. Rendre hommage à leur jeunesse foudroyée par les obus, anéantie par des mois passés dans le magna des tranchées. Rendre hommage à leur courage car ces hommes ont tout donné, et beaucoup y ont laissé leur vie, laissant leurs familles endeuillées.
1 millions 400 000 morts pour la France. LOUDES n’a pas été épargné avec 74 jeunes hommes qui ont donné leur vie pour défendre notre Liberté, et ainsi sacrifier la plus grande richesse d’un homme en abandonnant leur jeunesse. A nous le souvenir, à eux l’immortalité.
Nous partageons une identité collective. Nous portons une mémoire commune. Nous formons une nation unie et indivisible. Le souvenir de notre passé vit pleinement dans nos villages. Nous le ressentons avec davantage de force devant nos monuments. Je voudrais à cet instant m’adresser à nos jeunes, car aujourd’hui, ce sont eux qui désormais devront faire perdurer cette mémoire des morts pour la France, car la mémoire ne divise jamais. Bien au contraire, elle rassemble.
Ce monument est issu des ateliers de M. ANDRO fondeur à PARIS et signé du sculpteur ponot MARCELIN SABATIER. Sa construction a été décidée par M. ANDRE PAYS Maire de la commune de Loudes de 1919 à 1928, et grand père du Docteur Chalendard ici présente.
Peu après mon élection, j’ai rencontré le Docteur CHALENDARD qui m’a rappelé que notre monument allait bientôt avoir 100 ans, en mettant en lumière l’originalité de la représentation du monument aux morts de Loudes, qui d’après les spécialistes, est l’un des plus beaux de France.
En effet, vous pouvez constater que le côté « va en guerre » n’est pas mis en avant. Au contraire, on peut voir un homme qui a entendu le tocsin sonner l’appel à la mobilisation. Son épouse le prend alors dans ses bras et son enfant le tient par le pantalon. On peut en déduire, sur le visage de cet homme, toute cette peine d’abandonner sa famille sans savoir s’il aura la chance de les retrouver un jour, ou si c’est ici le dernier jour qu’il les voit, dans une dernière étreinte partagée.
Grâce à ces hommes, le pays a retrouvé sa liberté, loin de penser que vingt ans plus tard, l’Allemagne voudrait prendre sa revanche mais en vain. La guerre de 39-45 fût moins meurtrière mais la commune a payé aussi de ses hommes, et je me dois de rappeler leurs noms COSTE René, FABRE Jean, DUMAS Gustave, LIOTARD Albert, NICOLAS Casimir, et je n’oublie pas le jeune Jean Portal tombé en Algérie.
En tant que Maire, j’estime qu’il est de mon devoir de rappeler sans cesse leur mémoire. Malheureusement, l’actualité nous le rappelle avec le conflit en Ukraine et toutes ces guerres qui perdurent dans le monde.
Ce devoir de mémoire est important pour que les jeunes générations comprennent le sacrifice de nos aînés, pour qu’ainsi les futures générations mettent en pratique leur sagesse et apprennent la tolérance tout en continuant de vivre en paix.
Je vais clore ce discours avec une vision plus personnelle du monde qui nous entoure, pour vous dire que plus que jamais, je suis un européen convaincu, et que si notre vieux continent est resté en paix jusqu’à maintenant, ma conviction est que c’est en grande partie grâce à l’union européenne.
Je terminerai en évoquant ceux qui, pieusement, sont morts pour la patrie. Ils ont le droit à leur cercueil et à nos prières.
« Gloire à notre France éternel. Gloire à ceux qui sont morts pour elle » … Victor Hugo.